La rencontre de Claire a bouleversé ma vie. Elle va peut-être bientôt bouleverser la vôtre. Vous ne serez plus la même personne après avoir pris connaissance de cette « Véritable Affaire du Siècle« . A vous de juger !

A première vue Claire ne semble pas avoir eu un passé particulier même si sa vie est loin d’être banale. Elle ressemble aux millions d’autres humains qui se posent des questions existentielles tout au long de leur vie. Ses choix répondent parfois à un automatisme, comme un opportuniste peut se laisser aller à la curiosité, la facilité, le plaisir, ou les 3 à la fois. Elle s’est certainement trouvée au bon endroit au moment idéal. Certains diront qu’elle a été choisie. D’autres fins connaisseurs assureront qu’elle fait partie des nombreuses personnes devenues « Actrices de la Biodiversité », souvent grâce à leur trajectoire en faveur de la richesse du vivant. En refermant ce livre vous postulerez que ces acteurs et actrices disposent d’un libre arbitre ou bien qu’ils sont entièrement déterminés, eux-mêmes contaminés par la Force de la Vie. Vous frôlerez la vérité en l’abordant par les 2 bouts de la lorgnette. Il y a déjà plus de 2 siècles Kant a proposé que 2 alternatives, thèse et antithèse, puissent être toutes les 2 à la fois fausses et vraies. Avec la physique quantique du 21ème siècle, la complexité est à son comble et nous oblige à l’humilité, à défaut de clairvoyance.

Je rapporte dans cet ouvrage les récits que Claire et les personnes qu’elle m’a envoyé, alliés ou adversaires, ont bien voulu me confier au cours d’entretiens.

J’avais été formé à l’école des chasses aux trésors pour les anniversaires de mes enfants ; ici pas de bonbons, ni de cadeaux mais des révélations cruciales pour l’humanité glanées après de longs et discrets entretiens.

Claire était très méfiante. Elle se savait surveillée, autant par des forces protectrices, celles qui avaient intérêt à l’avancée de son travail, que par toutes celles qui souhaitaient son échec ou sa disparition ; les alliés et adversaires n’étant pas toujours aptes à démêler les avantages et les inconvénients de cette révolution du monde moderne.

Au début je l’ai trouvé très parano. J’avais déjà rencontré ce type de profil. Un mélange de suspicion à priori et de conspirationnisme.

Mais quand on sait que son action dérange des intérêts puissants, il est raisonnable d’avoir peur pour sa vie, la sienne ou celle de ses proches. La peur est un bon réflexe pour essayer de rester sain et sauf. Le prix d’un « contrat » pour abattre quelqu’un varie selon les pays. Le prix plancher commence à quelques centaines d’Euros dans les pays pauvres où sévissent réseaux mafieux et/ou régimes autoritaires. Dans les pays plus riches ou bien ceux où les libertés individuelles sont mieux protégées, un accident de la circulation, de chasse ou un arrêt cardiaque est plus coûteux ; mais chaque personne a un prix, indexé sur l’impact économique ou politique à laisser vivre un obstacle ou à le faire disparaître.

J’ai très vite compris que Claire était cernée de toute part tant le projet tentaculaire dans lequel elle était imbriquée menaçait les ordres établis.

Je n’ai pas encore intégré la totalité des interactions de cette véritable affaire du siècle, ni même les implications à long terme sur la société humaine et les écosystèmes de notre planète. Claire a fait appel à un journaliste-narrateur plus qu’à un chercheur en systémique ou en métaphysique.

Entre l’infiniment petit, l’infiniment grand et la théorie des cordes, ma capacité à me représenter l’Univers reste limitée même avec ma formation scientifique et une longue expérience professionnelle.

Je sens que les jeunes générations, adeptes de ces concepts dès la naissance, baignées par le partenariat humain-machine et les mondes virtuels, ouvertes d’esprit aux réformes sociétales profondes, trouveront l’éclairage nécessaire à leur imagination vagabonde.

J’étais assez riche en temps à l’époque où tout a commencé. Je venais de terminer une série d’articles pour un magazine de vulgarisation scientifique et pouvais me reposer sur les indemnités chômage en attendant un prochain contrat ou quelques piges pour des journaux (merci à celles et ceux dont les luttes ont permis la mise en place de notre système de protection sociale et une juste rémunération entre 2 emplois salariés, dans l’attente du revenu universel).

J’avais longuement mûri mon projet d’écrire un livre. Essayer de mixer une autobiographie à destination de mes enfants et de mes amis, avec un bilan de mon existence, agrémentés de certaines de mes croyances ou opinions du moment. Je me préparais ainsi à être capable de dire adieu à la vie sans regret. Écrire une sorte de testament qui me permettrait de mourir, si la maladie ou un accident me surprenait, en ayant laissé à mes proches la somme de mes réflexions. Je voulais éviter de reproduire l’adage fréquemment utilisé en Afrique pour évoquer la tradition orale : « Quand un vieillard meurt c’est comme une bibliothèque qui brûle » ; même si je ne suis pas encore un vieillard ! Modestement ma bibliothèque se satisferait d’un seul livre après lequel j’envisageais de ne plus avoir besoin de beaucoup parler.

Je n’en étais pas à mon premier écrit. Mais la plupart des phrases que j’avais alignées depuis plus de 3 décennies composaient des rapports d’études, des articles journalistiques, des commentaires, des posts sur les réseaux sociaux, des retranscriptions d’interviews de personnes engagées dans l’écologie politique, la recherche en biologie ou en sciences sociales. Il s’agissait désormais de laisser place à l’inspiration et à la remémorisation.

En cette fin d’année 2020, je commence à rédiger l’introduction de mes mémoires quand je reçois un courrier postal, le message dans l’enveloppe est bref :

« RDV ce lundi 2 décembre à 15h dans la grande serre du Jardin des plantes pour y interviewer un représentant de la Biodiversité. Chaque espèce d’animal, de végétal, de champignon ou de micro-organisme doit être protégée, a un droit inaliénable à exister et peut avoir une importance majeure pour l’avenir de la vie sur Terre et dans l’Univers. »

Rien de moins !

Le courrier n’est pas signé mais je décide d’honorer cette invitation mystérieuse. D’ici mon rendez-vous au Muséum National d’Histoire Naturelle, prestigieux lieu de la recherche scientifique française, j’ai le temps d’écrire quelques anecdotes de mon passé.

Ysbome